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alors pars...

 

«  Vivre, c’est s’accommoder sans fin d’une longue suite de lignes brisées. »

 

 

 

«  Alors pars,

Ne te retourne pas

pour contempler les traces de tes pas dans le désastre. »

 

«  Mais la mer n’a-t-elle nulle part où se reposer ?

Un sentiment d’étreinte qu’une lune rieuse vienne éclairer ? »

 

«  Non pas.

Les étreintes se sont éteintes,

Et la lune pleure son pauvre sol défloré.

Ne te retourne pas, te dis-je,

Ne te retourne pas. »

 

«  Mais ne pouvons-nous tremper notre présent

Dans le jour d’hier,

Comme la plume dans l’encrier ;

Afin d’écrire pensifs l’histoire d’un autre demain ? »

 

«  L’encrier s’est renversé, la plume brisée.

L’histoire ne s’écrira plus, plus jamais ;

Seul le vieux griot en saura la mémoire garder,

A l’ombre des derniers oliviers.

Mais nous, ne nous reste plus qu’à chanter,

Le regard aveuglé,

La couleur inachevée. »

 

«  Alors c’est ainsi ? Le gouffre sous nos pieds ? »

 

«  C’est ainsi. Les sentiers sont emmêlés.

Ils nous ramènent toujours au lieu de la blessure.

L’Horloge s’est figée, la porte refermée.

C’est ainsi. »

 

«   Et l’on se fuit ? »

 

«  C’est ainsi. »

 

Eric Derrien

 

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