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Les robes noires et la robe à trous

 

Ils ont gagné alors.

 

Et nos corps sont maudits.

Et les étreintes répugnantes.

 

Ils ont gagné alors.

 

Le désir qui jadis était douce source,

parole partagée, musique offerte, hymne à la vie, hymne à l'envie ;

le désir aujourd'hui a le masque du pervers,

l'ignoble gueule de travers,

la tronche de l'enfer.

 

Ce désir qui était lumière de l'aurore,

sourire de l'univers,

mélodie sucrée qui venait la terre caresser ;

ce désir a sombré dans le puits de glace des silences emmurés.

 

Ils ont gagné alors,

les tristes sires, les bons curés, les empêcheurs de s'aimer en rond, les fossoyeurs de tendresse, les accusateurs de plus belles promesses.

Ils ont privé Marie de ses tendres extases,

mis sur la sellette nos joyeuses pulsions,

et imposé la stricte, la docte, l'intransigeante, la dévorante, la stupéfiante, l'intolérante pudeur.

 

Cachez moi ce genou, voilez ces cheveux, camouflez cette poitrine, car la vie terrée, tapie, prostrée au fond du puits risquerait d'y trouver le courage de remontrer le bout de son nez.

 

Cette pauvre petite envie de vie risquerait de venir perturber

le grand

le noble

le très moral Ennui.

 

 

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