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Nurit Peled-Elhanan

Nos enfants...

 

Je fais partie d’un groupe de parents endeuillés, Palestiniens et Israéliens, qui s’appelle le Cercle des parents.(…)

 

Nos enfants se tuent les uns les autres parce qu’ils ont été élevés pour croire qu’il y a deux cotés dans le monde : mon coté et ton coté, côté occidental et côté oriental , et que ces côtés là sont déterminés par la race ou la religion ou la force même. Et que cette distinction les empêche de devenir amis avec les enfants de leurs voisins, et qu’elle les autorise à détruire leurs maisons et à arracher leurs vignes.

 

Or nous leur apprenons que oui, il y a deux côtés, malheureusement : le côté des victimes et le côté des assassins, et les victimes sont de toutes les religions et de toutes les langues aussi bien que les assassins, mais que heureusement, chacun de nous peut choisir son côté.

 

Moi, par exemple et mes sœurs les mères palestiniennes qui ont perdus leurs enfants sommes du même coté : le côté des victimes de l’occupation des terres palestiniennes par les gouvernements israéliens, victimes de l’oppression du peuple palestinien par l’armée israélienne.

 

Et je tiens cette armée et tous ces gouvernements pour coupables du meurtre de ma fille par un palestinien qui est devenu monstre par l’humiliation et l’oppression, par le manque total de liberté et de dignité ; comme je les tiens pour coupable de la tragédie de ma sœur Fatma du village de Bet Umar, qui a perdu deux enfants, tués par des colons juifs et israéliens. (…)

 

Moi et les nouveaux sœurs et frères que la mort m’a donnés, nous savons que la mort d’un enfant est la mort du monde entier et qu’il n’y a pas de vengeance parce qu’après la mort d’un enfant il n’y a plus de mort car il n’y a plus de vie.

 

 

Et nous savons que là où gisent nos enfants maintenant, avec tant d’autres enfants d’Irak et de Tchetchenie, d’Afghanistan et d’Afrique il n’y a aucun clash des civilisation, et nous refusons d’oublier que le temps le plus glorieux des cultures juives et musulmanes a été il y a 800 ans quand ces deux peuples vivaient ensemble et se nourrissaient les uns des autres.

 

Entre tous les côtés possibles, nous avons choisi le côté des parents et des enfants. Ce côté dont la voix n’est jamais entendue. Et je vous assure, mesdames, messieurs, que si nous n’élevons pas cette voix maintenant, bientôt il n’y aura plus rien à dire ou à écrire ou à entendre, sauf les sanglots des parents en deuil.

 

Nous invitons le monde entier à élever cette voix avec nous, cette voix qui est la seule qui peut vraiment terminer toutes les guerres, nous l’invitons à regarder nos enfants morts et à poser la question qu’à posée le poète russe Anna Akhmatova :

« pourquoi ce sillon de sang sur la fleur de ta joue»

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